Rencontre estivale (partie 1)
Vannes, capitale de la Bretagne sud, à l’intérieur du golf du Morbihan. Depuis longtemps, nous nous y rendons en famille pendant l’été, à la découverte des saveurs de la région et plus particulièrement de la ville de Vannes qui nous étonne chaque année.
Ce fut autrefois (et entre autres) la découverte d’une piscine surveillée d’eau de mer totalement gratuite dans le quartier de Conleau, puis celle particulièrement intéressante pour ceux qui se déplacent en train, du service de location de vélos (normaux et électriques) de la ville (Velocea), à un tarif presque symbolique de 5 euros par semaine pour 4 heures par jour comptabilisées uniquement pendant l’utilisation.
Enfin, cette année fut marquée par la rencontre des incroyables comestibles de Vannes que nous allons évoquer ci-dessous.
Vannes réalise une promotion touristique très active. En particulier, a lieu chaque année en période estivale une exposition de « Jardins éphémères » à travers toute la ville. À l’instar des « Jardins extraordinaires » de Cernier, il s’agit d’éléments décoratifs réalisés par des artistes paysagistes pour mettre en valeur certaines places, certains monuments ou bâtiments remarquables de Vannes. Si c’est l’aspect esthétique des plantes qui est alors utilisé, comme c’est le cas souvent, la ville va avec cette exposition plus loin que de simples parterres fleuris.
Voilà plus de deux ans maintenant, naît à Vannes le mouvement des incroyables comestibles et avec lui le traditionnel site internet (les incroyables comestibles du Pays de Vannes) où on découvre … une carte des bacs particulièrement bienvenue pour nous, car on y constate que Place du Général de Gaulle figure une quantité importante de réalisations. Nous décidons donc, ma femme et moi, de nous y rendre une première fois seuls, puis une seconde fois, après avoir contacté par mail Michael, l’un des responsables du mouvement, auprès de qui nous avons pu avoir beaucoup de renseignements.
De tout point de vue, les projets réalisés sur cette place sont intéressants, méritent le respect et sont pleins d’une richesse d’idées assez remarquable.
Tout d’abord le lieu. Il s’agit d’une place … de parking ! placée entre une rangée de petits restaurants et une route qui, elle-même, passe devant … la Préfecture. Excusez du peu ! Regardez la photo. Cela a de la gueule, la préfecture et surtout devant des bacs, des bancs et un beau logo. Chapeau bas pour la ville, nous sommes-nous dit. Là, c’est très fort ! … Mais ne précipitons rien.
L’initiative d’une implantation des incroyables comestibles sur cette place revient à l’un des petits restaurants qui la bordent. Celui-ci a contacté Michael pour tenter de reprendre la place aux automobilistes en installant des bacs sur les places des voitures elle-mêmes. D’autres échoppes se sont jointes au mouvement.
Résultat : opposition des automobilistes utilisant régulièrement ces places et au final aucune place de parking ne disparaît.
Cela aurait pu être le point final de l’histoire. Mais non, une place n’est pas un parking, qu’on se le dise.
Au lieu d’éloigner les voitures, dont on connaît la pollution, des bacs sont disposés à l’interface entre le trottoir et les véhicules. On est pas loin de l’idée d’un mur végétal, visuellement bienvenu pour les commerces et fonctionnellement bienvenu pour filtrer une partie de la pollution.
Le problème est que ce sont des comestibles qui sont utilisés. Et cela fait toute la différence. Car leur utilisation résonne comme une interpellation : si laisser un parking à quelques mètres des petites terrasses paraît normal, logiquement des comestibles à cet endroit doivent l’être aussi. Pourtant cela interpelle. Quid des polluants accumulés ? Qu’en est-il surtout de la pollution infligée aux personnes qui vivent aux abords de la place ?
Là est toute la différence disais-je, car créer une barrière de végétaux non comestibles aurait peut-être satisfait certains commerces en masquant les voitures, mais cultiver des comestibles pose la question du rôle même de la place, c’est-à-dire celui de la place que les véhicules doivent prendre en ville. Visiblement, contrairement à certaines villes nordiques, Vannes a choisi la voiture pour la place du Général de Gaule.
Mais aujourd’hui n’est pas demain. Les autorités et les usagers des voitures sauront-ils rendre la place au passage bucolique des piétons admirant la Préfecture et sa cours intérieure immaculée ?
Mais les commerçants, n’en sont pas restés là. Ils ont tenté un regroupement de leurs terrasses, un regroupement de leurs forces serais-je tenté de dire dans l’esprit de la place, en proposant un espace partagé entre eux. Il est très sympathique, ombragé et évidemment construit autour de bac d’incroyables comestibles. Cela est très réussi et est certainement un élément à faire valoir dans l’optique d’un agrandissement, voire d’une « libération » de la place. Car l’idée est magnifique : permettre de goûter des comestibles particuliers à portée de main en prenant un café, voire même un repas.
En attendant, bon enfant, les incroyables comestibles de Vannes poursuivent l’interrogation par le sourire. Vous avez dit voiture … que celle-ci soit remplie de comestibles ! Le symbole est encore une fois très intéressant. Voyez la photo de cette camionnette bucolique qui rappelle que les comestibles des grandes surfaces ne peuvent être dissociés des véhicules nécessaires à leurs transports alors qu’une agriculture réellement de proximité est possible et simultanément interroge l’idée de manger en voiture, c’est-à-dire en vitesse, à proprement parler, alors que le développement des plantes est lent et que leur consommation sur place, sur la place du Général de Gaule par exemple, permet de mieux les apprécier.
Reste que cette histoire est celle des incroyables comestibles de l’année passée. Elle concerne la moitié de la bordure du parking qui se trouve du côté des commerces. L’autre côté mérite à elle-seule un autre article aux perspectives tout aussi intéressantes que celui-ci.
Dans quelques jours, voyez la seconde partie de cet article.
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