Site internet et pollution atmosphérique (partie 1)
Cultiver avec des pesticides, utiliser des semences brevetées, arroser sans restriction, … des pratiques aujourd’hui devenues inadmissibles.
Pourquoi ?
Le mouvement des incroyables comestibles véhicule des valeurs au rang desquelles se trouvent le don, le partage, l’échange et le respect des gens par opposition à la marchandisation, à l’appropriation et à la manipulation des connaissances. Ces valeurs mettent aussi en avant l’action, plutôt que la représentation, la publicité et la personnalisation.
Ainsi, l’utilisation de pesticides ou de semences brevetées constitue une manipulation des connaissances scientifiques au profit de la marchandisation et au détriment de la santé et s’oppose clairement aux valeurs des incroyables comestibles. Arroser sans restriction est aussi simplement contraire à l’utilisation logique de ressources finies et au partage de celles-ci.
Cela est généralement bien admis par ceux qui soutiennent ces valeurs.
Par contre, d’autres comportement, d’autres pratiques, pourtant clairement en contradiction avec ces valeurs, restent très difficiles à remettre en cause sans une bonne compréhension des multiples aspects de la vie qu’elles engagent et sans une réelle volonté de cohérence.
Deux de ces pratiques, la voiture et l’informatique, vont ici faire l’objet d’une interpellation forte, mais non violente, positive pour que chacun puisse en mesurer le plus adéquatement possible l’impact sur sa vie et sur l’environnement.
Les termes de cette interpellation resteront très généraux. Mais il est aisé d’approfondir le sujet tant la documentation qui y est consacrée est importante.
Pollution atmosphérique
Suite à la fondation des incroyables comestibles de la Chaux-de-Fonds, un article critique titré « Les légumes urbains peuvent nuire à la santé du consommateur » est paru dans l’Impartial (archives R. Leuenberger).
Ne revenons pas sur cet article, qui n’est certainement pas dénué de fondements puisque :
La pollution automobile et routière est désormais reconnue comme une cause certaine de l’augmentation de certains cancers. En 2013, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) classe les particules fines diesel comme un cancérogène certain pour l’homme44 et, le 17 octobre de la même année, le CIRC a ajouté l’ensemble des particules en suspension dans l’air (également appelées « matières particulaires ») à la liste des agents cancérogènes certains pour l’homme (Groupe 1)101. Référence : Wikipedia.
Au début des années 2000, alors qu’on observe un accroissement de certains cancers, grâce à d’importantes études de cohortes109 conduites jusqu’en Suède110 et Norvège111, plus personne ne conteste l’importance de la circulation automobile comme étant l’un des facteurs majeurs de dégradation de la santé publique 112,,113,114et des constats identiques sont faits dans toutes les grandes villes européennes115,116 grâce à de programmes de monitoring de la santé117. Résoudre ce problème impliquerait que les gouvernements fassent des choix forts en matière d’alternative au presque « tout-routier » comme le préconise le rapport Boiteux (2001) en France118. Référence : ibid.
mais dont plusieurs aspects sont injustement négatifs. Cependant, il a eu le mérite d’interpeller les incroyables comestibles sur trois aspects :
- la nécessité de reconnaître le problème et de réaliser une information à ce sujet,
- la nécessité de prendre clairement position pour le maintient de la culture de comestibles en environnement faiblement pollué, au même titre que le maintient de terrasses en environnement moyennement pollué, mais simultanément de prendre aussi clairement position pour une redéfinition de la politique des transports à l’intérieur des villes.
- les pratiques des incroyables comestibles en termes de cultures, comme nous allons le voir ci-dessous.
L’article de l’Impartial mentionne une étude qui, selon lui, justifie son titre. L’étude en question est :
» How healthy is urban horticulture in high traffic areas ? Trace metal concentrations in vegetable crops from plantings within inner city neighbourhoods in Berlin, Germany
Ina S aumel, Iryna Kotsyuk, Marie Holscher, Claudia Lenkereit, Frauke Weber, Ingo Kowarik, © 2012″
À la lecture de cet article, la position des auteurs apparaît pleine de nuances et contraste avec la position évoquée par l’Impartial. En substance, les objectifs des auteurs sont :
Si on considère les risques possibles pour la santé associés à
l’orticulture citadine, il y a un grand besoin de mieux comprendre
les mécanismes qui mènent à l’accumulation de traces de métal
dans les cultures urbaines. Réflrence : voir la présentation ci-jointe.
L’idée est donc de s’intéresser aux métaux accumulés par les plantes comestibles et cela en milieu urbain selon le trafic.
La conclusion des auteurs à le mérite d’être claire :
la grande variabilité de la teneur en métaux selon les types de légumes et de sites souligne l’importance d’un suivi spécifique selon les types de cultures et les spécificités des sites pour évaluer l’impact potentiel de chaque culture sur la santé humaine. Dans notre étude, les haricots verts, le chou-rave et le basilic ont montré une accumulation de métaux moindre par rapport aux autres cultures (par exemple, carotte, bette à carde, pommes de terre ou persil). En même temps, nos données illustrent clairement des restrictions dans la généralisation des modèles d’accumulation de métaux pour différents types de légumes et sont associées à des défis en matière de modélisation et de prédiction des risques pour la santé selon les espèces spécifiques (Murray et al., 2009) et en matière d’élaboration de recommandations adéquates pour les jardiniers des zones urbaines. Des conseils simples sur les types de légumes problématiques ou non problématiques sont donc difficiles à développer. Notre étude suggère que les cultures urbaines ne sont pas automatiquement saines ou sûres par rapport aux produits de supermarché. Référence : voir la présentation ci-jointe.
Les objectifs se dégageant de cette étude ne sont ici certainement pas de stigmatiser les jardiniers urbains, mais d’étudier le comportement des aliments vis-à-vis de leur sensibilité à la pollution pour tenter de les conseiller dans leurs cultures.
Et, de l’avis même des auteurs, si des tendances se dégagent, elles sont bien moins claires que l’affirme l’article de l’Impartial et surtout ils reconnaissent la difficulté à modéliser et à élaborer des recommandations.
Finalement, les scientifiques ont ici une attitude beaucoup plus nuancée, pragmatique et intéressante que l’évident constat d’une pollution des comestibles importante aux alentours des grands axes routiers. En effet, l’étude souligne une grande variabilité des réactions des cultures en fonction de divers paramètres qu’il est intéressant de souligner ici :
- l’importance du trafic routier est évidemment l’un de ces facteurs et comme les incroyables comestibles l’ont déjà souligné, il n’est pas recommandé de cultiver aux alentours des grands axes. Mais au-delà des comestibles, se pose alors la question des atteintes à la santé des gens qui y vivent et, comme déjà souligné, encourage les incroyables comestibles à prendre position pour une politique des transports électriques en agglomération, par exemple.
- l’importance des barrières physiques à la pollution. L’étude montre en effet que la pollution diminue pour des potagers situés derrière des obstacles tels que bâtiments, parois, murs ou même obstacles végétalisés :
Cependant l’exposition à l’air pollué aggrave la perception fausse que le vélo est plus dangereux que la voiture142. Les chercheurs encouragent la création de pistes cyclables hors des zones de circulation dense, surtout pour les enfants, les personnes âgées, les enfants et les mères enceintes. Une étude sur les pistes cyclables de Portland (Oregon) a montré qu’une séparation de la voie principale par des bacs végétalisés et pas seulement par une bande de peinture blanche a nettement diminué l’exposition des cyclistes à la pollution de l’air139. Une autre étude (belge) sur la pollution routière a montré qu’éloigner un vélo ne serait-ce que de quelques mètres de la route donne des différences mesurables d’exposition139. Référence : ibid.
- l’importance des paillis et de l’utilisation de terre non commerciale (voir la présentation ci-jointe) dans la réduction de la pollution des comestibles est aussi soulignée en même temps que la nécessité d’études supplémentaires pour comprendre pourquoi. Cela suggère qu’un mode de culture tels que la permaculture est à mettre en avant.
Sans conteste possible, le trafic routier est dangereux pour la santé. Et c’est justement ce qui donne de l’importance aux incroyables comestibles. Car au contraire de simplement prendre acte d’un constat de risque, à l’instar des scientifiques de l’étude, en affirmant les conditions qui rendent possible des cultures plus saines que celles des grandes surfaces, ils interpellent fortement sur les conditions de vie urbaines et les politiques des transports avec notamment l’utilisation d’autocars au lieu de bus électriques et de voitures individuelles dont la consommation et la pollution afférente sert principalement à déplacer le véhicule lui-même.
Présentation du premier mai : Site et pollution atmosphérique
Dans la seconde partie nous nous intéressons au site internet des incroyables comestibles.
Laisser un commentaire